Russ Lossing

pianist . composer . improviser

Inventions reviews


par o "Articles de Dom Imonk" | Nov 14, 2024 | La Gazette Bleue/ Chroniques Disques

DISCOVERY] Internationally renowned American musician Russ Lossing (pianist, composer and improviser) has a unique background and the richness of his work, not always easy to classify, and an originality of playing with variable textures and intonations, have gradually clarified his personality and established his brands. To give him some context, he explains: "I began studying classical piano in 1965 at the age of five. At ten, I became fully aware of the concept of improvisation. At that time, I began my daily practice by improvising before starting to work on my scores for my lessons […]". His early skills and extensive studies quickly made him a highly sought-after player in multidirectional jazz, which quickly propelled him from recording studios to international stages, alongside the most prestigious figures in jazz, including, the list is long, Billy Hart, Tim Berne, Samuel Blaser and Paul Motian, with whom he played for twelve years.

His personal musical output commands respect, with more than twenty albums to his credit, on various labels, that's not nothing!

"Inventions - A Suite of Improvisations" follows closely on the heels of the astonishing "Alternate Side Parking Music", released barely a year ago with his band King Vulture. "Inventions" is the pianist's second solo album, after "Eclipse" released in 2015, whose wild spirit we find here.

From the start of "Inventions I", the tone of the album is set. We imagine that the colours of the cover, which cleverly hide the title, are in real movement thanks to the farandole of sounds that grab us then. A fairyland of ideas, both multiple and united in a single flow, which is impossible to resist so clearly captured, and evocative of diverse styles that for some come back to mind as if by miracle. Successive striking full and thin strokes, of great musicality, which can at times evoke contemporary music, but also Thelonious Monk and Paul Bley.

More serene and peaceful, "Invention II" calms things down by revealing classical clearings, loved by the romantics, conducive to meditation. Perhaps there is a hint of Claude Debussy or Keith Jarrett there?

"Invention III" is clearly avant-garde. A questioning piece, which juggles with silences interspersed with furtive notes. There is sharpness, but also softness. No falling asleep, extension of the domain of waking up. The spirit of Cecil Taylor are you there? Or maybe it is that of John Cage? We lose our balance of happiness!

Pieces IV, V and VI continue this enchanting mystery, in alternative impulses that captivate us, from the tiniest of sounds to the most swirling constructions, nourishing reflection and arousing joy. This music, colorful, lively and changing, is unheard in the literal sense of the term, one would say it escaped from a parallel world, but naturally accessible despite its complexity, offering us a compressed knowledge, illuminated by diverse influences.

Russ Lossing recorded these pieces at night at home on his personal piano, in the countryside far from everything, as if he had escaped from reality. These six improvised inventions are generous and vital, they deliver emotion, in a real waking dream. An essential disc, which encourages you to discover the incredible work of this unique artist.



DÉCOUVERTE] Musicien américain de renommée internationale, Russ Lossing (pianiste, compositeur et improvisateur) a un parcours singulier et la richesse de son œuvre, pas toujours facile à classer, et une originalité de jeu aux textures et intonations variables, ont peu à peu précisé sa personnalité et fondé ses marques. Histoire de le situer, il précise : « J'ai commencé à étudier le piano classique en 1965 à l'âge de cinq ans. À dix ans, j'ai pris pleinement conscience du concept d'improvisation. À ce moment-là, j'ai commencé ma pratique quotidienne en improvisant avant de commencer à travailler sur mes partitions pour mes cours […] ».

Ses aptitudes précoces et des études poussées ont vite fait de lui un acteur très prisé du jazz multidirectionnel, ce qui n'a pas tardé à le propulser, de studios d'enregistrement en scènes internationales, aux côtés des figures les plus prestigieuses du jazz parmi lesquelles, la liste est longue, Billy Hart, Tim Berne, Samuel Blaser ou encore Paul Motian avec lequel il joua pendant douze ans.

Sa production musicale personnelle force au respect, plus de vingt albums à son actif, sur divers labels, ce n'est pas rien !

« Inventions – A Suite of Improvisations » suit de près l'étonnant « Alternate Side Parking Music », sorti il y a à peine un an avec sa formation King Vulture. « Inventions » est le deuxième disque en solo du pianiste, après « Eclipse » paru en 2015, dont nous retrouvons ici l'esprit décoiffant.

Dès le départ d'« Inventions I », le ton de l'album est donné. On imagine que les couleurs de la pochette, qui dissimulent habilement le titre, sont en réel mouvement grâce à la farandole de sons qui nous empoignent alors. Une féérie d'idées, à la fois multiples et unies en un seul flow, à laquelle il est impossible de résister tellement c'est clairement capté, et évocateur de styles divers qui pour certains nous reviennent à l'esprit comme par miracle. Des pleins et des déliés successifs saisissants, d'une grande musicalité, qui peuvent par moment évoquer la musique contemporaine, mais aussi Thelonious Monk et Paul Bley.

Plus serein et apaisé, « Invention II » calme le jeu en dévoilant des clairières classiques, aimées des romantiques, propices à la méditation. Peut-être y-a-t-il là un soupçon de Claude Debussy ou de Keith Jarrett ?

« Invention III » est nettement avant-gardiste. Une pièce interrogative, qui jongle avec des silences entrecoupés de notes furtives. Il y a du tranchant, mais aussi du doux. Interdiction de s'endormir, extension du domaine du réveil. Esprit de Cecil Taylor êtes-vous là ? Ou bien peut-être est-ce celui de John Cage ? Nous en perdons l'équilibre de bonheur !

Les pièces IV, V et VI poursuivent cet enchanteur mystère, dans des pulsions alternatives qui nous captivent, du plus infime des sons aux constructions les plus tourbillonnantes, en nourrissant la réflexion et en suscitant la joie. Cette musique, colorée, vive et changeante, est inouïe au sens littéral du terme, on la dirait échappée d'un monde parallèle, mais naturellement accessible malgré sa complexité, en nous offrant un savoir compressé, illuminé d'influences diverses.

Russ Lossing a enregistré ces pièces de nuit chez lui sur son piano personnel, en pleine campagne loin de tout, comme évadé du réel. Ces six inventions improvisées sont généreuses et vitales, elles délivrent l'émotion, en un vrai rêve éveillé. Un disque indispensable, qui engage à découvrir l'œuvre incroyable de cet artiste unique.




Russ Lossing (piano solo)

Square Water Studios (Pennsylvanie), mai 2023 – janvier 2024

Songs 002CD - Blaser Music : l'autre distribution

J'avais écouté ce pianiste avec Paul Motian, puis je l'ai retrouvé en compagnie du tromboniste Samuel Blaser, sur disque et en concert. Cet album,sous titré 'A suite of improvisations',  m'a procuré un vibrant plaisir d'écoute. Pendant la première plage l'amateur de jazz que je suis (combiné à un mélomane de base friand des compositeurs du vingtième siècle) pense à la fois à Monk et à Bartók. Musique ouverte, imprévisible, qui chemine librement dans une constante musicalité, mélange de foucades virulentes etd'instants recueillis. Le pianiste a enregistré ce disque chez lui, la nuit, sur son Steinway B. La prise de son restitue formidablement toute la palette sonore, la richesse des timbres, une sorte de gourmandise sensuelle de l'instrument. Liberté tonale, insolence rythmique, et constant va-et-vient entre une fluidité virtuose et une provocation délibérée du heurt assumé : jouissif, d'un bout à l'autre !

Xavier Prévost



Le Noise -  December 2024


Il y a toujours eu dans la musique du pianiste américain un sens du phrasé, des

motifs rythmiques et mélodiques, quelque chose à la fois de très référencé, avec

un arc allant de Monk à Ahmad Jamal en passant par Bartók, Schoenberg ou

Paul Bley, mais également d'éminemment personnel. Ce disque, enregistré seul,

à la maison, sur son propre piano, comme un beau contre-pied à l'électrique et

très urbain Alternate Side Parking Music (avec King Vulture) sorti en 2023 en

est encore la preuve.

Il montre dans ses Inventions son indéniable talent pour l'improvisation où

l'expression semble toujours au coeur du jeu et du je. "Musicalement parlant, je

crée ma propre réalité et me suis suivi dans celle-ci. En improvisant, j'invente

des thèmes puis développe ces idées et les laisse émerger de mon subconscient,

se transformant en sous-thèmes et apartés, mutations et transformations,

cultivant la forme ainsi que le contenu alors que je joue en temps réel". Alors

c'est tout un monde qui apparaît, avec ses structures rythmiques, mélodiques,

ses changements de timbres, de dynamiques, de couleurs et de nuances. Il est

comme traversé par sa propre musique.

Russ Lossing se laisse emporter par une imagination inépuisable et l'auditeur ne

peut que se laisser surprendre par chaque changement de directions, par

l'abstraction qui se dégage de chaque Inventions.

Jérôme Gillet – Le Noïse



There has always been in the American pianist's music a sense of phrasing, of rhythmic and melodic motifs, something both very referenced, with an arc going from Monk to Ahmad Jamal via Bartók, Schoenberg or Paul Bley, but also eminently personal. This album, recorded alone, at home, on his own piano, like a beautiful counterpoint to the electric and very urban Alternate Side Parking Music (with King Vulture) released in 2023 is further proof of this. In his Inventions, he shows his undeniable talent for improvisation where expression always seems at the heart of the game and the self. "Musically speaking, I create my own reality and follow myself into it. By improvising, I invent themes then develop these ideas and let them emerge from my subconscious, transforming themselves into sub-themes and asides, mutations and transformations, cultivating the form as well as the content while I play in real time". Then a whole world appears, with its rhythmic and melodic structures, its changes of timbres, dynamics, colors and nuances. It is as if traversed by its own music. Russ Lossing lets himself be carried away by an inexhaustible imagination and the listener cannot help but be surprised by each change of direction, by the abstraction that emerges from each Inventions. Jérôme Gillet – Le Noïse


Jazz Magazine December 2024, CHOC(5 stars)

by Frank Bergerot