Russ Lossing

Jazz Pianist - Composer

 


 


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RUSS LOSSING ED SCHULLER PAUL MOTIAN: AS IT GROWS

Russ Lossing (piano), Ed Schuller (contrebasse), Paul Motian (batterie)51’21-hatOLOGY 605

Agé d’une trentaine d’années, Russ Lossing, issue de la scène down-town New-Yorkaise, s’est révélé à la fin des années nonante aux côtés des saxophonistes John O’Gallager (Abascus, label Omnitone) et Loren Stillman. En tant que leader, le pianiste américain aime cultiver l’art du trio piano/ basse/ batterie comme le démontre de façon assez magistrale son second disque (au sein d’une discographie qui en compte trois) enregistré dans ce format. Entouré de Ed Schuller à la basse et du vétéran Paul Motian à la batterie, As It Grows se révèle être une petite perle dans un genre devenu, depuis Ahmad Jamal et surtout Bill Evans dans les années soixante, extrêmement fréquenté. S’il partage avec beaucoup de ses contemporains (Keith Jarrett, Brad Meldhau, Marc Copland, Stephan Oliva pour ne pas les nommer) des caractéristiques communes -comme un goût évident pour le piano impressionniste et une approche le plus souvent tonale du clavier-, il s’en démarque tout aussi radicalement en faisant la part belle, dans son jeu, au silence (Motion Units, qui ouvre le disque en est le meilleur exemple) et à une certaine forme de dramatisation (Nagual, Verse, la Suite en cinq mouvement qui le clôture) accentuée par un travail en perpétuel (dés)équilibre entre structure et improvisation libre. Une démarche assez comparable, s’il faut réellement trouver un point de comparaison, à celle d’un Paul Bley, le seul de ses confrères auquel on peut très directement rattacher le pianiste new-yorkais. Comme le canadien, Lossing cherche avant toute chose à mettre la forme au service de l’improvisation (ou l’inverse.) Il possède également une sonorité dont la fluidité n’est pas sans rappeler celle du génial aîné. Impeccablement secondé par la basse de Ed Schuller qui travaille souvent à l’unisson du piano, parfaitement soutenu par Paul Motian (1) qui lui offre un cadre rythmique non contraignant qui lui offre un maximum de liberté, Russ Lossing est un pianiste sur lequel il faudra désormais compter. Et As It Grows un disque que l’on devrait retrouver dans les palmarès de fin d’année.

(1) le batteur est une véritable mémoire vivante de l’histoire moderne du trio piano/ basse/ batterie et le lien vivant qui relie Evans à Lossing en passant par Bley, Jarrett et Oliva puisqu’il a joué et enregistré avec tous les précités en commençant, il y a presque un demi siècle par le premier cité.

Technique : 9 (définition, présence des musiciens, qualité de timbre - malgré une réverbération artificielle -, dynamique, tout est parfait dans cette prise de son d’école) – 10




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